Rappel des croquettes Purina One : L’avis d’une vétérinaire
Les croquettes Proplan Purina One rappelées en France ne l’auraient pas été ailleurs.
Vous avez peut être vu passer l’alerte concernant le rappel de croquettes Purina One de Proplan pour cause de présence de 2-CE. Les adeptes du naturel clament déjà la présence de « drogue hallucinogène » dans les croquettes. Alors qu’en est-il ?
Le point sur une bizarrerie réglementaire française.
Le fournisseur de gluten de Purina a augmenté sa dose de monochloramine, auxiliaire technologique autorisé par l’ANSES. Or la monochloramine se transforme en 2-CE au cours du process de fabrication du gluten sans que l’on sache comment.
C’est quoi le problème avec le 2-CE ? Et bien c’est un marqueur de l’oxyde d’éthylène. En fait c’est lui qui est interdit mais comme c’est une molécule extrêmement volatile, la probabilité d’en retrouver est faible (à moins de faire l’analyse juste après le traitement). C’est donc le métabolite de dégradation de l’oxyde d’éthylène, le 2-CE qui est recherché.
La France est le seul état membre à ne pas prendre en compte les incertitudes analytiques dans le cadres des autocontrôles réalisés par des professionnels.
Des limites sont fixées pour la somme des deux molécules (oxyde d’éthylène et 2-CE) dans le règlement sur les pesticides. Les limites maximales de résidus (LMR) sont de 0.02 ppm, au-delà de ce chiffre le produit fini doit être retiré ou rappelé. Sauf que cette LMR est proche de la limite de détection et qu’a ces doses on a une incertitude dans la mesure de l’ordre de 50%. La France est le seul état membre à ne pas prendre en compte les incertitudes analytiques dans le cadre d’autocontrôles réalisés par des professionnels (cf cet article). Ainsi, en France, un produit fini testé dont la somme de 2-CE et d’oxyde d’éthylène est à 0.03 ppm sera retiré ou rappelé alors que dans un autre état membre, les incertitudes analytiques seront prises en compte et le produit sera libéré.
Ce qui est le plus fou dans cette histoire c’est que l’on applique la LMR des pesticides à des composés néoformés. Ici le 2-CE ne signe pas du tout l’utilisation d’oxyde d’éthylène !
La LMR, loin de faire l’unanimité
Enfin concernant cette fameuse LMR elle est loin de faire l’unanimité comme expliqué dans cet article :
« Comme l’a relevé un rapport sénatorial le 17 février 2021, la limite maximale de résidus de l’ETO a été fixée au doigt mouillé. Interrogée par le sénateur Laurent Duplomb, la DGCCRF lui a déclaré que « l’oxyde d’éthylène ayant été utilisé bien avant l’entrée en vigueur de la réglementation établissant le système d’approbation des substances actives et cette substance n’ayant jamais fait l’objet d’une demande d’approbation par la suite, la LMR qui lui est appliquée d’office est la LMR par défaut. »
Au Canada, où la toxicité de l’ETO a été évaluée dans les règles, la LMR a été fixée à 7 mg/kg pour l’ETO (ou « partie par million », comme préfèrent dire les Canadiens) et à 940 mg/kg pour le 2-chloroéthanol. Autrement dit, un seuil 18 940 fois plus élevé qu’en France, où les fraudes recherchent pêle-mêle l’ETO et le 2-chloroéthanol… »
Que retenir de cette affaire Purina One ?
On ne sait pas si cette analyse est fiable puisque on est dans la limite des incertitudes analytiques, même si elle l’était on est largement en dessous de la vraie LMR toxique et dans tous les cas ça ne signe pas l’utilisation d’un quelconque pesticide. Bref, beaucoup de bruit pour un risque extrêmement faible. Juste pour une bizarrerie réglementaire française.