Vous avez sûrement entendu parler du reportage de Capital sur le petfood diffusé dimanche dernier.
6 min 39 de sensationnalisme à base de « les usines ça pue » et « on met des plumes dans les croquettes ».
Ces deux points ont été brillamment débunkés par Petfood Review sur ses réseaux : Twitter, LinkedIn et Facebook. Je n’y reviendrai pas.
🐄 Pas de viande pour nos animaux
Je vais m’attarder sur un autre sujet, le reportage affirme « les croquettes ne contiennent pas un gramme de viande ».
À quoi je réponds : « mais encore heureux ! »
Le terme viande est défini par la réglementation européenne comme du muscle squelettique uniquement. Soit : du filet.
Si on donnait du filet à nos animaux de compagnie, il faudrait abattre des animaux de rente pour les nourrir et ainsi augmenter dramatiquement l’élevage et son impact carbone.
Une fois que tout le monde — nous, nos chiens et nos chats — aura mangé du filet… que ferons-nous du reste de la bestiole ?
Aujourd’hui, plus personne ne veut manger les bas morceaux.
Qui mange encore des rognons, du foie, des tripes, de la langue ou le croupion du poulet ? (À part ma mère)
Nos chiens et chats !
Et heureusement, à moins faire les difficiles, ils sont plus écolos que nous !
On abat des bêtes pour n’en manger que les morceaux sexy, ils se chargent de valoriser le reste.
🤷♀️ Quand y’a pas de preuves, il suffit d’en créer
Comme le gérant de l’usine a expliqué que les plumes étaient un concentré d’acides aminés utilisés dans les croquettes pour animaux allergiques, ça ne devait plus faire assez peur.
Alors M6 sort les démons du placard : la laine de mouton, les cornes, les coquilles de moules, d’œufs et les sabots de chevaux.
Mais bon, comme il n’y a pas de preuve de leur utilisation, on va juste les empiler dans un saladier, ce sera télégénique.
Et puis on va lire la réglementation européenne, ça fera sérieux.
Ce qui aurait été plus sérieux, ça aurait été de lire le bon paragraphe.
Parce que le paragraphe « h », cité dans le reportage, parle des produits d’animaux vivants, donc pas de produits d’abattoirs où, par définition, les animaux sont… morts.
Mais bon, on a dit « sensationnalisme », pas « rigueur journalistique ».
🐑 Croquettes 100 % mérinos
Sur les 14 000 tonnes de laine produites en France par an, la moitié est exportée (principalement… en Chine), le reste est valorisé pour des applications techniques (géotextiles, isolation, etc.) ou… détruit (source).
La filière laine serait probablement ravie de pouvoir vendre ses produits au petfood plutôt que de les détruire, mais apparemment, malgré ce que prétend Capital, les industriels n’en veulent pas.
Pour ce qui est des sabots et des cornes, ça fait de très bons engrais riches en azote !
Car une des grandes utilisations des sous-produits de catégorie 3 est la fertilisation !
😺 Des animaux qui meurent… plus vieux
Si, comme pour tout le monde, l’issue de nos animaux est toujours fatale, depuis 2003 les chats ont gagné 3,5 ans d’espérance de vie, passant de 9,6 à 13,1 ans, et les chiens 1 an, passant de 11,5 à 12,5 ans.
Avec 95 % des animaux qui mangent des aliments industriels, on peut dire qu’ils tuent très mal…
Alors, on arrête la psychose, on se déculpabilise de donner de l’industriel à nos animaux, on éteint la télé, on va épandre de la corne broyée au pied de ses rosiers et financer des projets de valorisation locale de la laine française.
Pour ne plus se laisser embobiner par le sensationnalisme des médias, je vous invite à écouter notre discussion avec Yoann Latouche dans « La Touche Animale ». Une heure de questions-réponses sur le thème : « Comment bien nourrir nos amis à 4 pattes ».


